Sur la petite place, au lever de l'aurore,
Le marché rit joyeux, bruyant, multicolore,
Pêle-mêle étalant sur ses tréteaux boiteux
Ses fromages, ses fruits, son miel, ses paniers d'oeufs,
Et, sur la dalle où coule une eau toujours nouvelle,
Ses poissons d'argent clair, qu'une âpre odeur révèle.
Mylène, sa petite Alidé par la main,
Dans la foule se fraie avec peine un chemin,
S'attarde à chaque étal, va, vient, revient, s'arrête,
Aux appels trop pressants parfois tourne la tête,
Soupèse quelque fruit, marchande les primeurs
Ou s'éloigne au milieu d'insolentes clameurs.
L'enfant la suit, heureuse ; elle adore la foule,
Les cris, les grognements, le vent frais, l'eau qui coule,
L'auberge au seuil bruyant, les petits ânes gris,
Et le pavé jonché partout de verts débris.
Mylène a fait son choix de fruits et de légumes ;
Elle ajoute un canard vivant aux belles plumes !
Alidé bat des mains, quand, pour la contenter,
La mère donne enfin son panier à porter.
La charge fait plier son bras, mais déjà fière,
L'enfant part sans rien dire et se cambre en arrière,
Pendant que le canard, discordant prisonnier,
Crie et passe un bec jaune aux treilles du panier.
Albert Samain
Ne parlons pas des photos ou juste pour dire qu'elles font rêver au prochain printemps.
RépondreSupprimerMais Albert Samain qui connait ? Il fait partie de ces poètes de la fin du XIXe dont il est de bon ton de dire qu'ils sentent la rose fanée, et pourtant ces vers évoquent des textes du même auteur appris dans quelque classe du primaire.
Marcel Arland dans son anthologie de la poésie française écrit :"peu d'oeuvres semblent aussi marquées par une époque , par ce qu'elle eut de pire et de plus touchant à la fois que c'elle d'Albert Samain. Et bien je suis touché j'aime bien c'est sans doute mon côté vieille anglaise à ombrelle qui aime les lacs italiens (ref G.F.) et ces poèmes : les deux choses sont rafraichissantes !
Octobre est doux. - L'hiver pèlerin s'achemine
Au ciel où la dernière hirondelle s'étonne.
Rêvons... le feu s'allume et la bise chantonne.
Rêvons... le feu s'endort sous sa cendre d'hermine.
L'abat-jour transparent de rose s'illumine.
La vitre est noire sous l'averse monotone.
Oh ! le doux "remember" en la chambre d'automne,
Où des trumeaux défunts l'âme se dissémine.
La ville est loin. Plus rien qu'un bruit sourd de voitures
Qui meurt, mélancolique, aux plis lourds des tentures...
Formons des rêves fins sur des miniatures.
Vers de mauves lointains d'une douceur fanée
Mon âme s'est perdue ; et l'Heure enrubannée
Sonne cent ans à la pendule surannée...
Ah mais moi je connais et j'apprécie Albert SAMAIN...et je me précipitais pour vite l'écrire ici quand...j'ai vu le commentaire de Robert.J'aime ces poètes du temps jadis qui nous donnaient envie...d'être à la hauteur de leur poésie.
RépondreSupprimerJ'ai fait moi aussi mon marché, hier matin mais rien de comparable...déjà il y avait la pluie et juste deux étals de fruits et légumes......qui résistent tant bien que mal aux vêtements made in China.....rien à voir avec la poésie d'Albert Samain.Hélas!
Pour vous Françoise, un extrait d'un poème d'Albert Samain:
RépondreSupprimer"Dans la cuisine où flotte une senteur de thym,
Au retour du marché, comme un soir de butin,
S' entassent pêle-mêle avec les lourdes viandes
Les poireaux, les radis, les oignons en guirlandes,
Les grands choux violets, le rouge potiron,
La tomate vernie et le pâle citron...
Qu'elle jolie ballade au marché!
Je vous embrasse
Mais comment se fait-il que tu passes tes journées à Amiens ?
RépondreSupprimerUn régal ce billet où tes photos se lient au poème d'Albert Samain.
RépondreSupprimerDes fleurs comme je les aime, comme si elles venaient de ton jardin...
Aussi à mon tour je t'offre celui-ci qui pourrait être le retour du marché...
Ma fille, laisse là ton aiguille et ta laine ;
Le maître va rentrer ; sur la table de chêne
Avec la nappe neuve aux plis étincelants
Mets la faïence claire et les verres brillants.
Dans la coupe arrondie à l'anse en col de cygne
Pose les fruits choisis sur des feuilles de vigne :
Les pêches que recouvre un velours vierge encor,
Et les lourds raisins bleus mêlés aux raisins d'or.
Que le pain bien coupé remplisse les corbeilles,
Et puis ferme la porte et chasse les abeilles...
Dehors le soleil brûle, et la muraille cuit.
Rapprochons les volets, faisons presque la nuit,
Afin qu'ainsi la salle, aux ténèbres plongée,
S'embaume toute aux fruits dont la table est chargée.
Maintenant, va puiser l'eau fraîche dans la cour ;
Et veille que surtout la cruche, à ton retour,
Garde longtemps glacée et lentement fondue,
Une vapeur légère à ses flancs suspendue.
Je t'embrasse
quel délice, c'est proprement à savourer, ligne à ligne, vers après vers, photo après photo ! toute l'ambiance délicate et douce d'un joli marché tranquille. Le mariage est parfit, de très bon aloi et on décline avec toi cette promenade quotidienne et pourtant pleine de charme.
RépondreSupprimerRobert a raison, ces vers sont rafraichissant et tant pis si Samain a un côté "vieille anglaise à ombrelle qui aime les lacs italiens" GF va en avaler sa souris !!!! le moins qu'on puisse dire est que tu as fait mouche avec Samain, ce billet se transforme en recueil de ses poèmes, chacun y va de sa rime et c'est plaisir de vous lire tous !
Quellel jolie façon de présenter ces images vivantes et colorées du marché... Tu as parfaitement intégré phrases poétiques et images. C'est une page magnifique. Bravo pour cette jolie composition Françoise !
RépondreSupprimerBisous
Un régal, Françoise , tes photos en si bonne compagnie, jolie découverte pour moi, j'aime aussi à l'instar de Robert et de celles qui ont suivi ces vers délicats au pouvoir d'évocation très fort , les petites choses du quotidien y prennnent un relief et une poésie délicieuse...bises
RépondreSupprimerRobert bonne question qui connait Albert Samain?
RépondreSupprimerLorsque j'ai préparé ce billet j'ai pesté car je ne retrouvais pas mon Lagarde et Michard du XIXème il doit être dans le Lot!
J'ai fait des recherches sur internet où j'ai trouvé un forum (qui vaut quand même son pesant d'or,lis le jusqu'au bout, de plus il résume bien ce que tu dis)
http://www.jeuxvideo.com/forums/1-35-8139756-1-0-1-0-4e-help-me.htm
Donc pas de regrets pour mon Lagarde et Michard je n'y aurais rien trouvé!
Pour ma part j'ai découvert Samain grâce à Gabriel Fauré.
Et bien j'aime qu'il sente la rose fanée et je te rejoins"au club" des vieilles anglaises à ombrelle qui aime les lacs italiens
Nous sommes déjà deux vois-tu!
Mais dis moi je tremble de quoi allons-nous être taxés si nous avouons que "nous rêvons de vers doux"?
Danielle vous aussi donc vous connaissiez Albert Samain.
RépondreSupprimerJ'avoue que je n'osais pas trop le publier j'avais hésité entre ce billet sur le marché et un autre sur une promenade en sous-bois illustrée le poème d'Henri de Régnier
"Un petit roseau m'a suffi
Pour faire frémir l'herbe haute
Et tout le pré
Et les doux saules
Et le ruisseau qui chante aussi
Un petit roseau m'a suffi
A faire chanter la forêt..."
Oh le made in China je crois que je ne m'y ferai jamais surtout comme ces jours-ci où je "prépare" mon programme des Journées Particulières
http://www.lesjourneesparticulieres.fr/accueil.php
Maïa Dans la cuisine est une succession de natures mortes pour moi ,les tableaux de Chardin défilent devant mes yeux,Les oignons de Renoir...
RépondreSupprimerPas vous?
Merci pour ce beau rappel
Mon marché manquait de soleil mais ce fut un bon moment
Je vous embrasse
Evelyne je surveille les travaux de la cathédrale!
RépondreSupprimerMerci Danielle pour ce choix judicieux.
RépondreSupprimerUn repas que j'aurais pu préparer du moins une ambiance qui me parle.
Je suis contente que tu te sois régalée à la lecture de ce billet aux airs un peu désuets,en ce qui me concerne le préparer fut un plaisir ,mais j'y ai mis un temps fou car je ne pouvais m'empêcher d'aller de poème en poème
Je t'embrasse
Michelaise Samain devrait te parler on dit quand même que sa poésie est héritière de Baudelaire et Verlaine.
RépondreSupprimerOui ce marché était très tranquille,un tout petit marché le long de la Somme.
Tiens je réalise je crois que je n'y ai pas vu de produits made in China.
Je ne sais pas si j'ai fait mouche mais je me suis fait plaisir à relire ces poèmes qui peuvent sembler poussiéreux à certains.
Peu importer j'assume
Au fait Evento pour changer de style je regrette presque de ne pas y aller
Le Carnet Nomade de samedi dernier relatant l'interview de la cousine me titille.
Pointue la Charlotte
http://www.franceculture.com/emission-carnet-nomade-bordeaux-ville-mise-en-scene-le-temps-d-evento-2011-10-08.html
La douce Oxygène je n'ose pas dire Ma douce Oxygène toujours aussi indulgente,justement je trouvais que parfois c'était un peu tiré par les cheveux .
RépondreSupprimerLe soleil était aux abonnés absents aussi je trouve mes photos un peu fades elles manquent de profondeur
Peu importe je me suis bien amusée et de plus cela semble plaire
Alors....
Merci pour ta gentille carte
Profite bien du soleil au retour tu risques de te retrouver face à une dure réalité!!!
Je t'embrasse
Catherine si tu ne connais pas Albert Samain ,quand tu auras un moment vas faire un tour sur le site dont je te donne le lien tu découvriras ce poète que j'aime beaucoup dont les poèmes certainement d'une grande simplicité pour certains sont pour moi d'une grande sensibilité
RépondreSupprimerJe rêve de vers doux ...
Je rêve de vers doux et d'intimes ramages,
De vers à frôler l'âme ainsi que des plumages,
De vers blonds où le sens fluide se délie
Comme sous l'eau la chevelure d'Ophélie,
De vers silencieux, et sans rythme et sans trame
Où la rime sans bruit glisse comme une rame,
De vers d'une ancienne étoffe, exténuée,
Impalpable comme le son et la nuée,
De vers de soir d'automne ensorcelant les heures
Au rite féminin des syllabes mineures.
De vers de soirs d'amour énervés de verveine,
Où l'âme sente, exquise, une caresse à peine...
Je rêve de vers doux mourant comme des roses.
http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/albert_samain/index.html
Le marché... j'adore. les photos sont superbes.
RépondreSupprimerIl me revient quelques vers d'Albert Samain (appris en primaire) que je vais déloger de ma mémoire, le temps que je vienne les rapporter ici. Je ne me souviens plus trop le titre du poème, mais ces vers enfant, avaient déjà fait "chavirer" mon coeur ! Se souvenir tant d'années après... mais, c'est un si beau texte !
RépondreSupprimer.Pour tous ceux-là qui sur la terre
.Par un tel soir tendant les bras,
.N'ont point dans leur coeur solitaire
.Un nom à sangloter tout bas.
Passage poètique certes, mais très actuel.
Et comme toujours vous nous offrez un magnifique montage.
Bonne journée.
Bravo et Merci l'artiste.
Françoise
Tu as su à merveille illustrer ce poème, et tu donnes envie d'aller tout de suite au marché... j'aime particulièrement le photo des fleurs, le sac à dos n'est pas mal non plus...
RépondreSupprimerMerci
Bisous
Comme Oxygène, comme tous tes lecteurs, je trouve que tu as superbement illustré ce poème. Il me rappelle les livres de lecture du début du siècle (le 20 e !) que mon oncle connaissait par coeur, ceux de sa "communale" dont il m'a fait cadeau.
RépondreSupprimerLa Cathédrale sera-t-elle prête pour les marchés de Noël et pour le spectacle "La cathédrale en couleurs" ?
Une belle page, un marché comme je les aime ! Et par ici je suis gâtée aussi !
RépondreSupprimerLes dahlias sont pour moi symboliques de la fin de l'été mais quelle joie d'admirer leurs couleurs pour entrer doucement dans l'automne...
Bonne journée !
Bises
j'aime bien Samain et son infante et j'ai du plaisir à le trouver ici avec en plus un mot qui fait partie de mes mots fétiches : hortillonnages, il a une saveur particulière, une sensation d'air frais, du vert, de la sueur aussi.
RépondreSupprimerje le classe à côté de tintinnabuler que j'aime beaucoup aussi :-)
je vais remplir mon panier
Un tour sur le marché haut en couleurs. Prendre le temps de découvir ces montages et ces photos qui nous parlent de la vie, de ces moments si paticuliers que sont ces marchés dans nos petites communes. On a un plaisir énorme à mettre nos pas dans les votres et surtout de découvrir ce que nous yeux n'auraient peut être pas su voir. Bonne soirée Françoise je vous embrasse.
RépondreSupprimerQuel regal ces petites places,avec un post poetique, bonsoir belge
RépondreSupprimerhttp://retriever-louisettesblogs.blogspot.com/
Mia moglie ed io andiamo il sabato mattina al mercato in centro città. Proviamo le stesse sensazioni che tu descrivi, ma non abbiamo alcuna piccola manina a cui passare il paniere. Qui in Francia siamo solo noi due. Ma siamo felici ed è questo che conta. Ottime foto, come al solito.
RépondreSupprimerMerci helena bonjour et bienvenue.
RépondreSupprimerLe marché pour moi est toujours un moment de bonheur.
C'est ce que j'appelle les courses plaisir
Bonne journée
Françoise il s'agît d'Une douceur splendide et sombre.
RépondreSupprimerUne douceur splendide et sombre
Flotte sous le ciel étoilé
On dirait que là-haut, dans l’ombre
Un paradis s’est écroulé.
Et c’est comme l’odeur ardente,
L’odeur fiévreuse dans l’air noir,
D’une chevelure d’amante
Dénouée à travers le soir.
Tout l’espace languit de fièvres.
Du fond des coeurs mystérieux
S’en viennent mourir sur les lèvres
Des mots qui font fermer les yeux.
Et de ma bouche où s’évapore
Le parfum des bonheurs derniers,
Et de mon coeur vibrant encore
S’élèvent de vagues pitiés
Pour tous ceux-là qui, sur la terre,
Par un tel soir tendant les bras,
N’ont point dans leur coeur solitaire
Un nom à sangloter tout bas.
Aujourd'hui encore ils pourraient vous faire chavirer le coeur.
Du reste je trouve presque ardu d'étudier cela en primaire.
Merci de votre passage et de vos mots toujours aussi aimables
Je vous souhaite un bon dimanche
Véronique chasser le naturel et il revient au galop...
RépondreSupprimerIl n'y a rien à faire mon côté impertinent reprend toujours le dessus;le sac à dos est "soft" par rapport à ce que j'ai dans ma besace!
Un marché sans fleurs n'est pas un marché pour moi et là je suis comblée,des fleurs de jardins et pas de serres,des vrais fleurs qui ne viennent pas de Hollande en plein été
Bises
Odile nous avons peut-être les mêmes.
RépondreSupprimerMe restent quelques uns qui appartenaient à mon père
Pierre Minet Martin
La méthode Guyot
Lire Ecrire Compter
La Méthode Boscher ,dont j'ai également l'édition plus tardive avec laquelle j'ai appris à lire.
En ce qui concerne les travaux ,ils sont terminés ,la consécration a eu lieu le 24 septembre et de toutes façons ils n'ont jamais empêché que le spectacle La cathédrale en couleurs ait lieu,j'ai pu y assister tous les soirs où je me suis trouvée à Amiens et c'est un vrai régal.
Le spectacle reprendra le 1er décembre jusqu'au 1er janvier tous les soirs à 19h
C'est drôle Martine ce que tu me dis,pour moi les dahlias sont symboliques du début de l'été,ce sont les premières fleurs d'été que j'ai dans mon jardin.
RépondreSupprimerIl faut dire que je les laisse en terre en sont abrités.
Les derniers cosmos sonnent l'automne par contre pour moi!
A Lectoure aussi tu dois avoir de beaux marchés,pas aussi poissonneux que dans ta Normandie mais bien sympathiques aussi
Dominique ton commentaire me fait penser à un billet qu'avait publié Michelaise sur la "sauvegarde des mots"
RépondreSupprimerIl faudrait que je le retrouve et te fasse parvenir le lien
A l'époque tu n'allais pas sur son blog.
Je suis certaine telle que je te connais que tu vas t'en régaler.
Des mots que l'on n'utilise plus guère et pourtant "chargés "d'histoire",d'émotion,de souvenirs"
Je vais te retrouver cela
Bon dimanche
Françoise un marché pour moi est le poumon de la ville,du village.
RépondreSupprimerIl reste le lien entre certaines personnes,qui s'y croisent ,y discutent choses qu'elles ne feraient peut-être pas ailleurs.
Avez-vous remarqué que l'on engage plus facilement la conversation au marché avec des gens que l'on ne connait pas qu'ailleurs?
Dans notre petite ville nous lançons un marché le samedi matin qui va débuter le premier samedi de novembre j'espère que cela va fonctionner
Bon dimanche
Je vous embrasse
Bonjour Retriever,merci et bienvenue.
RépondreSupprimerCe petit marché le long de la Somme a beaucoup de charme.
Je suis certaine qu'en Belgique vous devez en avoir de charmants aussi
A bientôt
Elio si cela peut vous consoler moi non plus je n'ai pas de petite main à qui passer le panier.
RépondreSupprimerElles sont trop grandes et pas encore de petites en vue mais je ne suis pas pressée!!
Comme je le disais à Françoise nous instaurons un marché ici dans notre petite ville,j'espère que cela pourra perdurer.
Sinon je continuerai à fréquenter ceux de Paris qui sont très différents
Bon dimanche